| Ramzi Chamat
Le mois de juin a été marqué par des décisions importantes prises par les banques centrales. La Réserve fédérale américaine (FED) et la Banque centrale européenne (BCE) ont annoncé des mesures concernant les taux d'intérêt. La Banque nationale suisse (BNS) a également pris une décision en augmentant le taux directeur de 0,25% pour le porter à 1,75%.
Sur le plan mondial, l'environnement des taux d'intérêt présente des contrastes. Aux États-Unis, malgré la solidité du marché du travail, l'inflation est en baisse. L'indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis a atteint son plus bas niveau en deux ans, soit 4%. En conséquence, la FED a décidé de maintenir la fourchette cible des taux directeurs entre 5,00% et 5,25%, mais le président de la FED, Jerome Powell, a mentionné la possibilité de deux hausses supplémentaires d'ici la fin de l'année. On s'attend donc à ce que les taux directeurs atteignent 5,75% à 6,00% d'ici la fin de l'année. Les marchés ont réagi à cette annonce en la considérant plus restrictive que prévu, ce qui a entraîné une légère appréciation de l'indice du dollar américain (DXY).
Malgré la baisse de l'inflation dans la zone euro à 6,1% à la fin du mois de mai, la BCE a décidé d'augmenter le taux directeur de 25 points de base, le portant ainsi à 4,25%. La BCE prévoit de continuer à augmenter les taux d'intérêt à moyen terme. Cette décision a entraîné une légère appréciation de l'euro par rapport au dollar américain et au franc suisse.
La BNS a pris en compte l'inflation actuelle ainsi que l'inflation cumulative des dernières années (2020-2023) aux États-Unis et en Europe, qui sont nettement plus élevées que celles enregistrées en Suisse. En conséquence, la BNS considère que le franc suisse est sous-évalué. Le différentiel de taux d'intérêt entre les États-Unis, l'Europe et la Suisse exerce désormais une pression supplémentaire sur le franc suisse.
Ces décisions ont placé la BNS sous pression. Bien que l'inflation ait diminué en mai (2,2%), une dévaluation du franc suisse pourrait importer l'inflation des pays anglo-saxons et européens. Afin de contrer cette tendance, une nouvelle hausse de 0,25% du taux directeur a été annoncée. L'augmentation du taux directeur et la vente de devises par la BNS restent les moyens les plus efficaces pour lutter contre l'inflation.
Ces hausses de taux de la BNS ont des conséquences sur les coûts de financement. Les coûts de financement à court terme deviennent plus élevés, et la courbe des taux d'intérêt s'inverse actuellement, avec des taux d'intérêt à moyen et long terme plus bas que ceux à un an. Le marché anticipe que les hausses des taux directeurs de la BNS auront un effet positif à moyen terme, réduisant ainsi l'inflation et les coûts d'intérêt.
Sources : Raiffeisen Suisse, SNB