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 |  RAMZI CHAMAT | OAKS GROUP SA

Le taux de logements vacants en baisse : Un défi croissant pour la Suisse.

La Suisse fait face à une crise immobilière marquée par la baisse continue du taux de logements vacants, particulièrement dans les grandes villes et les cantons romands. Cette pénurie de logements, exacerbée par des facteurs démographiques, économiques et réglementaires, crée des tensions sur le marché immobilier, rendant difficile l'accès à la location ou à l'achat. Cet article examine les chiffres récents, les causes profondes et les perspectives d'avenir pour ce marché en pleine mutation.

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Introduction

 

Depuis quelques années, la Suisse connaît une baisse significative du taux de logements vacants. En 2024, ce phénomène s’intensifie et touche particulièrement les grandes villes comme Genève, Lausanne et Zurich, créant des tensions sur le marché immobilier. Les dernières données révèlent un déclin continu des logements disponibles, et cette tendance suscite de vives inquiétudes quant à l'avenir du marché locatif et de l’accessibilité à la propriété.

 

 

I. Une diminution historique des logements vacants

 

L’Office fédéral de la statistique (OFS) a publié des chiffres alarmants au 1er juin 2024. Le taux de logements vacants dans le canton de Vaud est tombé à 0,96%, un seuil qui n’avait pas été franchi depuis 2017. Cette baisse, bien qu’annoncée depuis plusieurs années, met en évidence la difficulté croissante pour les résidents de trouver un logement disponible à la location ou à l’achat. À l'échelle nationale, la moyenne des logements vacants s'élève à 1,08%, ce qui demeure insuffisant pour répondre à la demande.

 

Genève est l’une des villes les plus touchées, avec un taux de logements vacants de seulement 0,46%. Bien que légèrement supérieur aux deux années précédentes, ce chiffre reste extrêmement bas, reflétant la forte pression exercée sur le marché immobilier genevois. Dans les autres cantons romands, les taux sont un peu plus élevés, mais la tendance générale reste préoccupante : 1,16% à Fribourg, 1,21% à Berne, 1,43% en Valais et 1,68% à Neuchâtel. Le canton du Jura se démarque toutefois avec un taux de 2,98%, représentant le seul endroit où l’offre de logements semble en mesure de satisfaire la demande.

 

 

II. Les grandes villes sous pression

 

Les grandes villes suisses connaissent une situation de tension particulièrement aiguë. Zurich et Genève affichent toutes deux un taux de logements vacants de 0,58%, tandis que Lausanne suit de près avec 0,67%. Ces chiffres illustrent une pénurie chronique de logements, en particulier dans les centres urbains. Berne (0,76%) et Bâle (0,84%) montrent également des signes de raréfaction, mais dans une moindre mesure.

 

Ce déficit en logements s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, la croissance démographique et l’attractivité économique des grandes villes augmentent constamment la demande. D’autre part, la construction de nouveaux logements est freinée par des réglementations strictes, des coûts élevés et une disponibilité limitée des terrains constructibles. Ainsi, l’offre ne parvient pas à suivre le rythme de la demande, entraînant une pression sur les loyers et les prix de l’immobilier.

 

 

III. Les causes profondes de la baisse des logements vacants

 

Plusieurs éléments contribuent à la diminution continue du taux de logements vacants. Tout d’abord, l’activité de construction reste relativement faible, notamment en raison des obstacles réglementaires et des procédures d’autorisation longues et complexes. Les zones urbaines font face à des contraintes spatiales importantes, ce qui limite la possibilité d’ériger de nouvelles habitations.

 

De plus, les investisseurs sont de plus en plus prudents en matière de développement immobilier, en raison des incertitudes économiques et des fluctuations du marché. La hausse des coûts de construction et le renforcement des exigences en matière de durabilité ralentissent également l’aboutissement de nouveaux projets. Par ailleurs, les nouvelles constructions tendent à se concentrer sur des logements de haut standing, peu accessibles pour une grande partie de la population, accentuant ainsi le déséquilibre entre l'offre et la demande.

 

 

IV. Différences de tendances : locations et ventes

 

L’année 2024 révèle une divergence notable entre les logements à louer et ceux à vendre. Selon l’OFS, la baisse du nombre de logements locatifs non occupés, amorcée en 2021, se poursuit mais de manière moins prononcée. En revanche, le nombre de logements inoccupés à vendre a augmenté de 999 unités, soit une hausse de 9,5%. Cette dynamique s’explique en partie par la difficulté croissante pour les ménages d'accéder à la propriété en raison de la hausse des prix et du durcissement des conditions de financement.

 

Dans ce contexte, les logements locatifs demeurent très prisés, et leur raréfaction contribue à l’escalade des loyers, rendant l’accès au logement de plus en plus difficile, notamment pour les jeunes et les familles à revenus modestes. Cette situation pose des enjeux socio-économiques importants, accentuant les inégalités et le risque de précarité.

 

 

V. La situation à Genève : un exemple criant

 

Genève illustre bien la complexité du marché immobilier suisse. La ville, déjà confrontée à une forte demande due à son attractivité internationale et à sa population croissante, se heurte à des limitations importantes en matière de développement immobilier. Les terrains constructibles y sont rares, et la réglementation stricte encadre sévèrement les possibilités de nouvelles constructions.

 

La rareté des logements vacants à Genève a pour effet direct une hausse des loyers, contraignant de nombreux résidents à chercher des alternatives dans les communes périphériques ou même dans les cantons voisins. Cette situation crée un phénomène de "commuting" de plus en plus marqué, où les travailleurs genevois doivent parcourir de longues distances pour se rendre sur leur lieu de travail, générant des problèmes de mobilité et d'impact environnemental.

 

 

VI. Perspectives et enjeux futurs

 

La diminution du taux de logements vacants en Suisse soulève des questions cruciales pour l'avenir. Comment pallier cette pénurie sans compromettre la qualité de vie et l’environnement ? Une solution réside dans l’adaptation des politiques d’urbanisme et de logement. Les autorités doivent encourager la construction de logements abordables, notamment dans les zones périurbaines, tout en simplifiant les démarches administratives liées aux projets immobiliers.

 

De plus, le développement de logements durables et à haute efficacité énergétique doit être une priorité pour répondre aux défis climatiques tout en augmentant l’offre. Des incitations financières pourraient encourager les investisseurs et les promoteurs à orienter leurs projets vers des logements plus accessibles.

 

Enfin, la promotion de logements en copropriété ou coopératifs pourrait représenter une alternative intéressante pour diversifier l’offre et favoriser l’accession à la propriété pour un plus grand nombre de ménages. L’intégration de ces différents leviers permettra d'atténuer la pression sur le marché immobilier et de redonner un certain équilibre entre l’offre et la demande.

 

 

Conclusion

 

Le taux de logements vacants en Suisse continue de baisser, reflétant les tensions grandissantes sur le marché immobilier. Les cantons romands, et plus particulièrement Genève et Lausanne, sont confrontés à une pénurie qui complexifie l'accès au logement pour de nombreux résidents. La conjonction de facteurs tels que la faible construction, la complexité des réglementations, et les tendances du marché contribue à cette situation critique.

 

Pour y remédier, une réflexion approfondie sur les politiques de logement et d'urbanisme est nécessaire, en privilégiant la construction de logements abordables, la diversification de l’offre, et une approche durable du développement immobilier. C'est un défi majeur pour les années à venir, mais essentiel pour garantir une qualité de vie équitable et une cohésion sociale dans le pays.

 

Ramzi Chamat

OAKS GROUP SA



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